Bruxelles propose un nouveau pacte d’asile et d’immigration sans quotas obligatoires

La dernière proposition sur l’asile et l’immigration, qui prévoyait des quotas et une répartition obligatoire des réfugiés comme solution à la crise de 2015, a généré un division profonde dont le Union européenne n’a pas été réapprovisionné. Le système d’immigration ne fonctionne pas et les Vingt-sept n’ont pas été en mesure de le réparer au cours des cinq dernières années, comme en témoigne la tragédie de la Camp de réfugiés de Moria (Grèce). La Commission européenne aspire à surmonter cela impasse avec un nouveau pacte qui propose d’utiliser la politique de développement comme monnaie d’échange pour convaincre les pays tiers d’accepter de nouveau les immigrés clandestins qui ne remplissent pas les conditions pour rester en Europe, qui propose d’accélérer les procédures et les décisions en matière d’asile et l’expulsion et cela crée un mécanisme de solidarité flexible qui n’inclut pas de quotas de distribution obligatoires pour éviter que le plan ne s’écrase contre la résistance de pays comme la Hongrie.
L’exécutif communautaire est conscient de la sensibilité que cette politique génère dans les États membres, avec des pays qui refusent d’accueillir une partie des immigrés qui débarquent sur les côtes des pays méditerranéens tels que Grèce, Malte, Italie ou Espagne pour alléger le fardeau de ces pays. Un refus qui a conduit à des champs bondés sur les îles grecques et des bateaux qui n’ont nulle part où accoster pour débarquer les immigrés secourus.
«Ce que nous proposons aujourd’hui, c’est une solution européenne, reconstruisant la confiance entre les États membres et rétablissant la confiance des citoyens dans notre capacité à gérer l’immigration en tant qu’union. L’UE a prouvé dans d’autres domaines qu’elle pouvait prendre des mesures pour concilier des perspectives divergentes », a expliqué le président de la Commission européenne. Ursula von der Leyen, après approbation du plan par le collège des commissaires. « Il est temps de répondre aux défis de la gestion conjointe de l’immigration, avec un équilibre approprié entre solidarité et responsabilité », a-t-il ajouté.
Objectif: augmenter les expulsions
Pour atteindre cet équilibre, Bruxelles propose de construire la nouvelle politique basée sur des procédures plus efficaces et plus rapides aux frontières extérieures pour déterminer qui peut rester sur le continent européen et qui doit être expulsé. Toutes les personnes secourues en haute mer ou qui arrivent sans autorisation préalable seront soumises à un examen de santé et de sécurité afin de déterminer leur identité et si elles constituent une menace pour la santé ou la sécurité publique.
L’idée est de vérifier rapidement qui est éligible à l’asile et qui doit être expulsé. Par exemple, selon les données de la Commission, environ 370 000 demandes de protection internationale sont rejetées chaque année, mais seulement un tiers de ces personnes sont rapatriées dans leur pays. Si la demande d’asile n’est pas justifiée, la personne en question doit être expulsée rapidement et éviter de passer des mois «dans les limbes». Pour favoriser l’acceptation par les pays tiers de leurs ressortissants, Bruxelles propose de négocier des accords sur mesure avec les différents pays d’origine en utilisant l’aide au développement, l’obtention de visas de travail ou d’études ainsi que d’autres avantages économiques et commerciaux. Dans ce domaine, Bruxelles propose de nommer un coordinateur européen des retours pour rendre le système plus cohérent.
Solidarité à la demande
Le deuxième grand pilier du plan est la création d’un mécanisme permanent de solidarité. Tous les États membres, sans exception, devront contribuer et soutenir les pays qui connaissent une crise migratoire ou des arrivées de pointe, même s’il n’y aura pas de quotas d’asile et aucune relocalisation ne sera obligatoire. Pour éviter que les pays de Visegrad – la Hongrie, la Pologne, la République tchèque et la Slovaquie – et d’autres États membres réticents à accueillir les immigrants de s’opposer au plan, Bruxelles propose de répondre par des «contributions flexibles».
«Toutes les préoccupations méritent d’être reconnues et traitées et c’est exactement ce que nous faisons aujourd’hui. Nous avons également tiré les leçons de 2016. Les blessures et l’échec de l’UE à promouvoir un accord nous préoccupent beaucoup et c’est pourquoi nous devons commencer avec tout le monde à bord », a expliqué le vice-président Margaritis Schinas.
Cela signifie que États membres peuvent refuser d’accueillir des réfugiés mais ils devront faire preuve de solidarité d’une autre manière, par exemple en assumant la responsabilité expulsion d’immigrants en situation irrégulière n’ayant pas le droit de rester dans l’UE ou de fournir un soutien opérationnel. «Dans le cadre des retours parrainés, les États membres apporteront tout le soutien nécessaire à l’État membre sous pression pour renvoyer rapidement ceux qui n’ont pas le droit de rester, l’État membre apportant son soutien assumant l’entière responsabilité (pour l’immigrant) si le retour n’est pas effectué dans le délai fixé », indique la communication.